Les meilleurs projets de la Milan Design Week 2018, par Gudy Herder

Il n’est pas facile de choisir 4 projets suite à la Milan Design Week 2018 et définir ceux qui transmettent un message bien à eux et ont cette petit chose en plus qu’une simple esthétique éblouissante.
Les quatre installations que je partage en suivant s’illustrent pour les raisons suivantes :
1. Le tramway peut être considéré comme une installation nomade, rendant hommage à l’un des éléments caractéristiques de Milan.
2. On ne pourrait concevoir une installation plus minimale, archaïque, à la fois interactive et significative en hommage à la chaise.
3. Cela fait des années maintenant que nous voyons des meubles et accessoires en marbre dans l’enceinte du salon, et à l’extérieur. Alors il est surprenant et rafraîchissant d’apprendre que tout ce qui brille n’est pas nécessairement de l’or, et qu’il existe des artisans particulièrement habiles qui travaillent avec une technique centenaire qui imite le marbre à la perfection.
4. Comment pouvons-nous vivre dans un futur de façon individuelle et collective, et qui soit en même temps flexible ? MINI LIVING nous présente un projet visionnaire facile à mettre en œuvre.

1// Tramway Corallo de Cristina Celestino

L’une de mes conceptrices italiennes préférées nous a offert à l’occasion de ces quelques jours un projet qui se démarque en étant un « intérieur en mouvement », et qui a fait couler beaucoup d’encre.

Cristina Celestino a transformé un tramway datant de 1928 en un « salon ambulant », en collaboration avec l’entreprise textile Rubelli. Avec comme décor une salle surréaliste, on croirait presque voyager sur des rails, rappelant l’aura des films de Wes Anderson.

Cristina Celestino, ambassadrice de Brera, s’est inspirée des films choraux et a créé un intérieur divisé en deux zones.

Le vestibule, considéré comme le volume principal, imite une salle d’attente douce et enveloppante, avec des canapés de velours, des fenêtres protégées par de grands rideaux Rubelli visibles depuis l’extérieur, et des tapis soyeux.

La partie arrière du tramway conduit à la salle de projection intime placée derrière un rideau de passementerie où les visiteurs, assis confortablement sur des ottomanes, peuvent faire l’expérience d’une perspective cinématographique imprévue dans la ville de Milan.

 

2// Géants avec gnomes de Stephan Hürlemann pour horgenglarus

Géants avec gnomes, du concepteur suisse Stephan Hürlemann, était l’une des installations les plus intéressantes de la Milan Design Week. Hürlemann et son équipe ont réuni plus de 30 pièces issues de chaises et tables de la collection de meubles de horgenglarus pour créer sept marionnettes en bois mesurant jusqu’à 3 mètres de hauteur.

L’installation, qui faisait partie de l’exposition située à Ventura Centrale, joue avec l’un des archétypes de la conception, la chaise, et permet aux visiteurs d’interagir physiquement en tirant sur un fil suspendu devant les marionnettes qui déplace les pièces comme un bras, les sourcils ou la bouche des géants.

Certaines des pièces en bois qui provenaient des archives de la maison suisse avaient plus de 100 ans. Ces dernières étaient perforées et connectées par des câbles, préservant le charme archaïque des pièces.

La semaine du Design proposait cette année bien plus d’une installation interactive, quelque chose que j’ai beaucoup aimé, car cela permettait d’aller au-delà de la simple observation et lecture, et a rendu l’expérience plus mémorable.

3// Ruines de Roberto Sironi

Le galeriste canadien Nicolas Bellavance-Lecompte propose une exposition collective de concepteurs contemporains internationaux rassemblant de nouvelles œuvres de conception collectionnables dans l’un des palais emblématiques qui présente toujours un contenu extraordinaire à l’occasion de la semaine du Design.

Cette année, il a demandé à huit concepteurs internationaux de produire un travail sans tenir compte du contexte.

Aujourd’hui, je souhaite mettre en avant l’œuvre intitulée Ruinas de Roberto Sironi. J’ai suivi cet artiste italien ces 3 dernières années, et il n’a jamais cessé de me surprendre de par la polyvalence des œuvres qu’il crée. Le lien entre toutes ses propositions repose sur les recherches qui impliquent différents aspects, des rituels et références anthropologiques à la mémoire historique.

Avec Ruinas, Roberto Sironi nous transporte dans un contexte imaginaire, puisque ses ruines n’ont pas été créées avec du marbre authentique, mais avec un composé de plâtre coloré qui avait été offert au Tsar de Russie lorsqu’il avait voulu restaurer une grande partie de son palais d’hiver à Saint-Pétersbourg au 18ème siècle.

Les artisans italiens, habitués à travailler le marbre et des options moins précieuses depuis des siècles, adaptent les travaux avec un matériau substitut d’une qualité extraordinaire, dont la technique a survécu jusqu’à aujourd’hui.

Sironi rend hommage à certains marbres épuisés dans son exposition, comme nous pouvons l’observer sur la première image.

4// Constructions pour tous de MINI LIVING

Nous devenons de plus en plus nomades (une macro tendance à observer pendant les 5 à 10 prochaines années), et dans notre recherche de solutions qui s’adaptent à ce nouveau style de vie, l’installation suivante apparaît comme la réponse parfaite.

Le studio danois Studiomama a transformé pour MINI LIVING un espace industriel en un logement dynamique destiné à une vie en communauté. Chaque logement est équipé d’un totem, un meuble intégré hautement individualisé, et offre aux habitants l’opportunité de choisir quand ouvrir ou fermer leurs portes. Les logements sont modulaires, facilitant leur montage et démontage.

Les espaces privés et communs sont différenciés, mais entrelacés. Les espaces à partager comprennent une cuisine, un jardin, une salle de sport et un hall.

L’installation combine conception collaborative et expression personnelle par le biais de systèmes modulaires et adaptables. La marque considère que les grandes communautés doivent être construites par tout le monde.

Si quelqu’un demande quel est le lien entre le fabricant d’automobiles MINI et un concept de vie, voilà la réponse que fournit la marque :

« MINI LIVING est une représentation des principes fondamentaux de la marque, c’est-à-dire l’utilisation créative de l’espace, dans des solutions réelles correspondant à notre mode de vie, de travail et d’interaction dans nos villes. Nous cherchons à répondre à ces défis d’une façon qui combine nos connaissances dans le domaine de la conception à l’esprit de l’expérience et du divertissement. »

Nous vivons à une époque où le marché des logements standardisés dispose d’une capacité limitée pour répondre aux besoins de l’individu. Les propositions comme celle-ci aideront à transformer les personnes en créateurs actifs et les place au cœur du processus de conception.