Carlos Gris est Directeur créatif de Tinkah, un studio multidisciplinaire qui s’inspire de la tradition artisanale des Émirats Arabes Unis et la transforme en design d’expériences et de produits futuristes. Sa présence est en train de devenir un classique de la Dubai Design Week, dont il n’a manqué aucune édition. Dans celle de cette année 2019, qui se tenait du 11 au 16 novembre, ils présentaient Umbra. Aujourd’hui, nous nous connectons au design du Moyen-Orient pour mieux connaître ce projet.

Qu’est-ce que Umbra, le projet Tinkah à la Dubai Design Week 2019 ? Quelle réaction attendez-vous du public ?

Umbra a été créé pour célébrer un matériau innovant et durable, le Fibracolour de Finsa, et aussi pour le « connecter » à un élément de la culture du Moyen-Orient. Dès le départ, l’un des éléments moteurs a été de proposer aux visiteurs un repos, un refuge contre le climat local.

Cela nous a amenés à enquêter sur le moucharabieh, un élément architectural traditionnel servant d’écran et contrôlant les températures à l’intérieur des bâtiments. Nous avons placé du Fibracolour en couches pour créer un volume d’espace entre les visiteurs et le soleil afin de capter et d’évacuer la chaleur. De plus, nous avons sélectionné des couleurs réfléchissantes pour l’extérieur de l’installation, combinées à des tons plus chauds et agréables dans les parties internes.

Nous espérons que les visiteurs seront fascinés par ce processus et apprécierons que, même si nous avons travaillé dur pour obtenir une esthétique attrayante, chaque décision dans le design a été prise à des fins pratiques.

Comment se passe le processus de création chez Tinkah ?

Tinkah est un studio relativement petit qui peut évoluer en fonction de la charge de travail. Nous sommes actuellement une équipe de 15 personnes avec un large éventail d’habiletés.

Par exemple, pour Umbra, j’ai travaillé avec notre designer industriel, Rimsha Kidwai, et plusieurs membres de l’équipe de branding ont apporté leur contribution. Nous sommes un studio très multifonctionnel et multidisciplinaire, de sorte que l’ensemble de l’équipe influence tous les projets et qu’il n’existe pas d’auteur définitif de chaque projet.

L’installation a été créée à partir d’un matériau innovant, le Fibracolour. Êtes-vous intéressé par la recherche sur les matériaux chez Tinkah ? Quelle est l’importance des matériaux dans le monde du design ?

Chez Tinkah, nous avons un atelier pour les matériaux en 3D et accordons une attention toute particulière à l’expérimentation de matériaux innovants. Compte tenu de l’importance croissante de l’économie circulaire, nous travaillons sans relâche pour développer et créer des matériaux durables, obtenus localement dans la mesure du possible.

Tinkah a récemment mis au point le matériau « Ramel » composé de sable du désert provenant des Émirats Arabes Unis. Nous travaillons également sur un projet de réutilisation des sous-produits des raffineries d’acier locales. C’est pour cette raison que nous nous sommes réjouis d’apprendre que l’installation Umbra aurait de l’avenir autre part suite à la clôture de la Dubai Design Week.

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Lors d’événements tels que la Dubai Design Week, est-il important que les marques comme Finsa apportent leur soutien aux designers ?

Dans ce cas en particulier, notre collaboration avec Finsa pour la Dubai Design Week 2019 a été très productive. La société nous a donné une toile vierge et nous a permis d’explorer ses matériaux sans aucune limite. Cette liberté est ce que les designers aiment et c’est d’où surgissent les meilleurs designs.

Que signifie la participation à la Dubai Design Week pour Tinkah ?

Tinkah s’est établi il y a 7 ans à Dubaï et, depuis lors, nous avons grandi avec le secteur du design des Émirats Arabes Unis. Étant une entreprise locale, il est très important pour nous de représenter les talents locaux et d’explorer continuellement la culture de la région. Il existe une réserve cachée d’inspiration et d’émotion dans la culture du Moyen-Orient et, grâce à de nombreuses recherches, nous nous attelons constamment à découvrir et à diffuser ces récits afin d’empêcher qu’ils ne tombent dans l’oubli.

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Qu’est-ce que la Dubai Design Week a supposé pour le design du Moyen-Orient et de sa communauté créative ?

Il existe actuellement un réel sentiment de progrès dans le secteur du design au Moyen-Orient, ce qui est mis en évidence à la Dubai Design Week. Tous les studios ont la possibilité d’exposer leurs travaux et il est surprenant de constater combien de projets sont en cours de développement, étant donné que le Dubai Design District a lui-même moins de 10 ans.

Le design du Moyen-Orient est-il toujours une grande inconnue en Occident ?

Le Moyen-Orient demeure probablement une anomalie en Occident et est considéré comme quelque chose de mystérieux par les personnes qui ne l’ont pas visité. Pour ma part, ça l’était. Depuis que j’ai rejoint Tinkah, qui est également une agence de branding, je me suis beaucoup inspiré des écrits arabes et des origines de la calligraphie qui, à mon avis, sont des œuvres d’art. Chez Tinkah, nous avons des graphistes arabes qui explorent ce monde et il est vraiment étonnant de voir ce qu’on peut créer avec le langage.

Tinkah a également des bureaux à Londres. Quels sont les avantages de ce dialogue entre les cultures ?

Contrairement à de nombreux studios qui s’étendent de Londres à Dubaï, nous suivons le chemin inverse et sommes arrivés à Londres en provenance de Dubaï. Être à Londres présente de vraies valeurs stratégiques, car il y a beaucoup d’écoles de design et un grand groupe de talents. D’autre part, les opportunités et la croissance offertes par Dubaï sont également incroyables. Il existe bel et bien une synergie entre les deux villes : les deux reposent sur des valeurs multiculturelles et sont influencées au niveau mondial. À travers toute cette diversité, il est fascinant de voir comment tout le monde se comprend et s’inspire.

Le bon design est-il universel ?

Pour moi, un bon design est plutôt universel. Un bon design est la création de quelque chose qui résout un problème et qui doit également répondre à deux exigences : il doit être unique mais aussi simple. En réalité, il est assez difficile de réaliser les deux, mais si vous en êtes capable, vous avez gagné.

Comment l’avenir de Tinkah se présente-t-il ? Sur quels autres projets travaillez-vous actuellement ?

Nous travaillons actuellement sur plusieurs projets dont nous ne pouvons toujours pas révéler les détails. Mais nous pouvons juste dire que nous participons à un concours pour la création d’une nouvelle école pour enfants sans ressource au Mozambique. Nous aimons relever de nouveaux défis intéressants et s’il s’agit d’une activité caritative, comme cette école en Afrique, c’est un avantage supplémentaire.

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