L’Association des Designers de la Communauté Valencienne (ADCV) a franchi une nouvelle étape dans sa stratégie de travail ces dernières années, axée sur la recherche, l’analyse et la promotion de l’utilisation du design dans les entreprises et de son effet sur la société et sur des facteurs tels que l’innovation et la productivité. Le 27 avril dernier, lors de la journée internationale du design, a été présenté OID!, l’Observatoire de l’Impact du Design, une initiative qui bénéficie du soutien de l’Agence Valencienne de l’Innovation (AVI) et qui est née comme un espace de référence pour promouvoir l’innovation basée sur le design, avec une approche globale et transversale, et ouverte à l’ensemble de la société, aux professionnels du design et aux entreprises liées au secteur.
C’est, selon ses créateurs, un « saut qualitatif » dans l’impact que le design a dans tous ses aspects : économique, social, culturel et environnemental. En fait, son objectif principal est d’assurer la cohérence du tissu commercial valencien et de progresser dans l’amélioration de la durabilité du territoire et du bien-être des citoyens.
Pour ce faire, OID! développera son activité selon quatre axes principaux :
- observer et suivre l’évolution de l’impact du design sur la société ;
- orienter et proposer des axes de progression à travers le design ;
- agir comme une passerelle entre le design et les institutions, les entreprises, les chercheurs, le monde académique et la société ;
- générer des outils qui facilitent la gestion du design et rendent les connaissances tangibles.
En ce sens, la nouvelle plateforme en regroupe déjà plusieurs. Voici quelques outils qui ont déjà été lancés ou sont en cours de développement :
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D-Tool Box
Il s’agit d’un coffret d’outils d’autodiagnostic — en fait 3 applications en 1 — de l’usage et de la gestion du design pour les organisations, de nature pratique, en ligne (accessible via le site www.economiadisseny.com/d-tool) et gratuit. Son objectif est d’aider les entreprises à comprendre comment le design améliore leur compétitivité et leur positionnement.
Au moyen d’un simple questionnaire en ligne, D-Tool provoque une réflexion nécessaire des responsables d’entreprises sur l’utilisation qu’ils font du design et propose un éventuel démarrage du processus pouvant entraîner une augmentation de la productivité de l’entreprise et de sa durabilité.
C’est aussi une ressource pour les studios de design. Cela peut être utile lors d’une première approche avec un nouveau client, afin de mieux comprendre ses objectifs, sa vision et sa situation actuelle en termes de perception et d’utilisation du design.
Et comment fonctionne la D-Tool Box ? Elle est structurée en 3 parties :
- Questionnaire subjectif, avec une série de questions en rapport avec la relation de l’’entreprise avec le design et l’utilisation qu’elle en fait ;
- Questionnaire objectif, qui permet de caractériser l’entreprise en termes de taille, de chiffre d’affaires et de périmètre d’action ;
- Diagnostic, avec un rapport basé sur les réponses fournies dans les questionnaires. Ce résultat est un point de départ pour développer le travail.
En divisant D-Tool selon ces trois outils, son utilisation est plus agile et chacun peut être appliqué indépendamment et à des moments différents. Ajouté à la définition du profil de l’entreprise utilisatrice, il offre un diagnostic final complet avec des indications sur la manière dont le design peut être utilisé pour répondre aux problèmes ou besoins exprimés par l’entité.
Alicia García, responsable du projet, met en avant une autre nouveauté : les applications peuvent être utilisées sans inscription préalable : « Cela permet d’utiliser D-Tool Box pour l’expérimentation et les tests, ce qui ne pouvait pas être fait auparavant ».
La boîte sera complétée par d’autres outils ultérieurment, avec une mise à jour continue.
EnCircular
Économie circulaire, durabilité et design forment une équation dont le résultat est l’amélioration de la productivité et de la compétitivité du tissu entrepreneurial. EnCircular est apparu en novembre 2020 comme un espace de rencontre pour tous les acteurs engagés dans l’évolution vers des modèles sociaux et économiques plus durables. Selon une étude réalisée au sein de cette plateforme, cette ligne d’action est explicitement intégrée dans la stratégie de 67,8 % des entreprises de la communauté valencienne, un pourcentage qui atteint 84,7 % dans celles de plus de 100 salariés.
Il s’agit d’une ressource en ligne très complète qui :
- donne accès à des informations et des connaissances sur les tendances, les réglementations, les projets, les programmes et les expériences réussies en économie circulaire ;
- fournit des ressources et des outils pour faciliter son application pratique ;
- permet de localiser et de contacter les agents (publics et privés) qui travaillent dans leurs différents domaines, grâce à une carte numérique interactive ;
- donne de la visibilité aux organisations, entreprises et institutions qui développent des projets innovants spécifiques autour de l’économie circulaire.
Cette approche inclusive et collaborative a permis à EnCircular d’être en quelques mois une référence dans le domaine de l’économie circulaire, au niveau national et international. Parmi ses services déjà actifs, un formulaire ouvert est disponible pour toutes les organisations qui souhaitent partager leurs initiatives, bonnes pratiques et projets disruptifs, afin que d’autres agents puissent les prendre comme référence ou inspiration dans leurs entités ou environnements de recherche. De nouvelles fonctionnalités seront incluses prochainement.
Échelle d’orientation du design
Elle est destinée à compléter les outils de la D-Tool Box et sera présentée en fin d’année. Ce système d’autodiagnostic, développé par le professeur Mónica Cantó, chercheuse et professeure à l’Escola de Disseny de València, mesurera quantitativement et objectivement l’intégration du design dans une entreprise, fournissant des données clés pour définir des stratégies et des actions. Cependant, contrairement à d’autres échelles — comme la Design Ladder du Danish Design Centre —, des données mesurables et comparables sont obtenues, ce qui permet à l’entité de visualiser ses avantages concurrentiels et ses axes d’amélioration et, en fonction de ceux-ci, de prendre ses décisions stratégiques.
Guide Contratardiseño.es
Lancé l’année dernière, il est l’un des projets de design phares de la communauté valencienne, fruit de la collaboration entre l’ADCV et la World Design Capital Valencia 2022.
Contratardiseño, le guide pour la gestion et la contractualisation du design, est une plateforme en ligne gratuite (www.contratardiseño.es) et une initiative pionnière en Espagne, dont la mission est d’être un outil de référence pour tous les types d’organisations, d’entreprises, d’institutions et d’administrations publiques qui ont besoin d’un accompagnement et d’un aiguillage dans la bonne gestion et contractualisation des services de design, ainsi que d’un accompagnement des professionnels et des studios du secteur dans leur relation avec leurs clients. « Nous savons que mettre un bon design dans nos vies l’améliore. Mettre un bon design dans n’importe quel projet, et le faire de la bonne manière, le fait grandir », a déclaré Xavi Calvo directeur de la WDCV2022, lors de la présentation.
Qu’y a-t-il dans ce guide ? Beaucoup de contenus intéressants et utiles :
- des informations de base (sur ce qu’est le design et ce qu’il apporte) ;
- des contenus dynamiques (comment contractualiser le design et combien cela coûte-t-il) ;
- les types de conception qui peuvent être contractés ;
- les différentes formules de contractualisation ;
- la législation en vigueur en la matière ;
- des documents téléchargeables (tels que différents modèles de briefing) ;
- des articles de grands professionnels du secteur (tels que Xènia Viladàs, Nacho Lavernia, Manuel Lecuona…) ;
- une section spécifique dédiée aux processus de passation des marchés / à la contractualisation des marchés publics ;
- des études et analyses qui soutiennent la contribution du design à l’innovation, à la compétitivité et à l’internationalisation des organisations ;
- des liens d’intérêt ;
- des cas pratiques de réelles réussites d’entreprises.
Par exemple, la société de services personnalisés pour distributeurs automatiques Teika :
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Ou LZF Lamps, une entreprise de luminaires qui allie design et artisanat à la recherche et technologie avec ses lampes fabriquées à la main en placage de bois :
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La plateforme web, développée par Copymouse, une coopérative de design avec plus de 10 ans d’expérience, dispose d’une section spécifique pour signaler et alerter sur les pratiques spéculatives du secteur, qui comprend un manifeste ouvert à d’autres organisations et professionnels.
Smart health : cours de co-design de la santé
L’ADCV et Las Naves, le centre d’innovation sociale et urbaine de la ville de Valence, ont lancé ce cours, également pionnier en Espagne, dont l’objectif est de former des designers à travailler dans le domaine de la santé. Le contexte de ces derniers mois, avec la pandémie et ses vagues successives, a accéléré les processus d’innovation et de transformation des systèmes publics de santé, ouvrant de grandes opportunités d’amélioration. Mais, pour définir les solutions optimales, il est devenu nécessaire de travailler en collaboration avec les professionnels et les utilisateurs de ces services.
C’est ainsi qu’est née cette initiative, qui est encore en développement. La formation, dirigée par Raquel Pelta, professeure à l’Université de Barcelone et spécialiste du co-design appliqué à la sphère sociale, combinera une formation théorique et l’étude de cas présentés par des experts avec un atelier pratique avec le groupe Enfermeras por el Cambio (infirmières pour le changement) afin de rechercher des solutions innovantes aux problèmes et besoins spécifiques rencontrés au quotidien.
Il s’agit d’un projet innovateur en Espagne, mais qui s’inspire d’expériences similaires menées avec succès depuis des années en Grande-Bretagne, aux Pays-Bas, dans les pays scandinaves, en Nouvelle-Zélande ou encore en Australie, qui intègrent une approche participative dans la mise en place et l’amélioration de leurs services de santé à travers des processus de co-création avec les utilisateurs et les professionnels, guidés par des designers spécialisés. Selon María Navarro, responsable de l’ADCV, « la proposition est innovante et totalement nécessaire car, bien que la demande augmente, le nombre de professionnels expérimentés dans cette méthodologie de co-design est rare et il y a aussi un manque de formation pratique axée dans le domaine de la santé. » « Cette formation peut inspirer d’autres initiatives liées à l’innovation sociale », ajoute-t-elle.