« Nous travaillons en relation avec l’eau pour créer des espaces innovants et durables« . Telle est la devise de MAST, un studio danois spécialisé depuis 2018 dans l’architecture flottante. Ils prêchent par l’exemple, car leur bureau et atelier flottent sur une zone d’eau au sud de la ville, où ils travaillent main dans la main avec une équipe de chantiers navals et de professionnels du génie maritime. Leurs œuvres, réalisées en Europe et en Australie, ont obtenu des récompenses telles que le Prix International de Design de Taipei (2022) ou la distinction Danish Arts Foundation Project (2020). Nous avons parlé avec ses fondateurs, l’architecte danois et designer maritime Magnus Maarbjerg et l’architecte australien Marshal Blecher, pour connaître l’évolution de leur studio, enraciné dans le design scandinave traditionnel.
Comment avez-vous commencé à travailler dans l’architecture flottante ? Y a-t-il un marché pour ce type d’architecture ?
Magnus et moi avons tous les deux vécu sur des voiliers et avons tous les deux constaté le changement dans la relation des villes avec leurs ports et connexions maritimes. Nous avons détecté une grande opportunité pour transformer les ports industriels en espaces publics récréatifs et avons commencé sur cette voie avec quelques petites interventions publiques à Copenhague. MAST a grandi à partir de là jusqu’à maintenant pouvoir se consacrer à la réalisation de transformations à grande échelle des ports.
Comment le public a-t-il perçu ce projet à Milan ?
Nous avons présenté le projet lors d’un événement de la mairie à Milan et avons obtenu une réaction incroyablement positive. Tout le monde était impatient de profiter de cet espace sur l’eau.
Dans Land on Water, vous soulignez que vous avez trouvé une méthode pour construire presque n’importe quelle structure sur l’eau. Pourriez-vous l’expliquer et dans quels endroits envisagez-vous de développer cela ?
Land on Water est encore en développement initial avec un prototype prévu pour la construction ce début 2024. Le projet cherche à trouver une alternative plus durable et flexible aux fondations flottantes actuelles en béton et acier.
Quels sont les principaux défis à relever en architecture flottante ?
Les plus grands défis sont en grande partie liés aux réglementations qui n’ont pas été développées pour les bâtiments flottants dans la plupart des endroits. Il y a aussi des défis techniques, en particulier avec la stabilité et l’ajustement des structures flottantes.
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Comment tentez-vous de résoudre ces défis techniques ?
Nous travaillons étroitement avec des équipes d’ingénierie navale pour développer des solutions innovantes et construisons souvent des maquettes et prototypes.
Il y a beaucoup de remous autour de ce type d’architecture et certains médias parlent maintenant de projets comme Oceanix Busan, se concentrant sur la façon dont cela pourrait être la voie pour développer les villes du futur. Quelle est votre opinion sur ce type d’architecture à grande échelle sur l’eau ?
Nous pensons que ces projets flottants à grande échelle commettent beaucoup des mêmes erreurs que les urbanistes ont commises au début du XXème siècle avec des villes et des développements planifiés à grande échelle, comme Canberra et Brasilia. Nous considérons qu’une meilleure approche est de commencer par le bas, en permettant aux développements à petite échelle de croître organiquement en communautés denses, riches et habitables.
Quel rôle jouent les matériaux dans vos projets ?
La mer est un environnement très dur et de nombreux matériaux sont inadaptés. Nous préférons utiliser des produits qui ont été testés dans des environnements marins et qui vieillissent et se développent avec le temps.
Le bois (et le bois technique) est-il un produit que vous utilisez normalement ? Dans quels cas ?
Oui, et nous utilisons de nombreuses variétés pour différentes applications. Il y a toujours un équilibre délicat entre la résistance du bois, la durabilité et le coût.
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Comment abordez-vous la durabilité dans l’architecture flottante ?
Les bâtiments flottants sont très similaires aux bâtiments terrestres en terme de durabilité. La capacité de déplacer les bâtiments une fois qu’ils ont rempli leur but sur un site particulier leur confère potentiellement une durée de vie plus longue.
La technologie (intelligence artificielle, big data…) est-elle un outil pour votre travail ?
Nous expérimentons avec la réalité virtuelle dans notre flux de travail et utilisons régulièrement le balayage par drone. De cette façon, nous pouvons visualiser les projets à diverses étapes de la conception. C’est particulièrement utile pour obtenir une sensation d’échelle.
Comment trouvez-vous l’inspiration pour développer vos projets ?
Souvent dans l’histoire maritime ! Nous travaillons sur un club de sauna flottant qui a été inspiré par les historiques tours de signalisation nautiques le long de la côte du Danemark. Le revêtement du sauna a également été inspiré par des pièges à poisson en bois !
